L'oeuvre d’art comme une énigme comportant autant de solutions qu'il existe d'enquêteurs.
Ma recherche artistique consiste à créer des pistes à grands coups de machette dans une inextricable jungle intérieure depuis un camp de base qui serait mon enfance.
Droits ou sinueux, paraissant interminables ou se présentant comme des raccourcis, les chemins explorés sont autant d’expériences singulières m’enseignant encore et toujours comment progresser dans une arborescence sans fin.
J’arpente parfois une ligne de crête qui dévoile un panorama inédit sur des territoires mentaux ou des pans du réel, mais il m'arrive aussi de me perdre ou de rebrousser chemin dans une impasse.
Quelle que soit la complexité des tracés, la carte demeurera toujours incomplète et révélatrice d'un chaos qui est l’unique réalité que je dois assumer.
A une magistrale démonstration focalisée sur un seul objectif, je préfère l'incertitude de l’expérimental car l'absence de risque découlant du polissage continuel de la même pierre précieuse est, pour moi, synonyme d’ennui.
L’hétérogénéité des procédures montre ce qui demeure inaltérable : le mystère absolu de la psyché humaine résistant à toutes les tentatives d’encerclement.
Ma seule ambition est donc d’exposer de façon détaillée ce mystère en faisant coexister les multiples inspirations qui résultent d’une lente maturation ou qui surgissent dans la conscience de manière fulgurante.
Le concept fédérateur est de rendre visible ou intelligible le processus de création lui-même en ne masquant pas les résultats visuels paradoxalement contradictoires.
A l’opposé du scientifique qui émet une hypothèse et tente par tous les moyens de prouver qu’elle est fausse puis, s’il n’y parvient pas, finit par admettre qu’il détient éventuellement une petite part de vérité, je produis une pluralité de probabilités qui sont à relier entre elles afin de créer du sens.